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Comment vendre son art en ligne et gagner de l’argent

0xec6d0 artwork bank bill Street Art

En tant qu’ancien PDG, de nombreux artistes me demandent comment vendre leurs œuvres d’art en ligne et gagner de l’argent. Plutôt que de répondre à chaque fois, parce que je n’aime pas les demandes et les discussions personnelles, je répondrai ici. Un article de blog simple et direct pour comprendre les fondements du marché de l’art. Je mettrai régulièrement à jour cet article pour expliquer les bases et les aspects les plus avancés.

1 – La crédibilité

Pour vendre votre art en ligne, vous devez être crédible en tant qu’artiste. Aujourd’hui, la crédibilité ne passe pas par l’exposition médiatique, mais plutôt par l’ambition personnelle de devenir un artiste et de vendre ses œuvres. Cela signifie clairement que le projet artistique doit être abordé de manière professionnelle, rationnelle et financière. Aborder un projet ou un concept artistique de manière purement artistique conduira systématiquement à l’échec ou à la gloire post-mortem. Il faut donc créer de la crédibilité avec un point fondamental : celui d’adopter les codes des sphères dans lesquelles on s’installe. Exemples :

  • Copier les business models qui marchent: Etsy , Prints , etc.
  • Proposer des contenus similaires à ceux qui fonctionnent sur les réseaux sociaux: Stories, Real, Discord, etc.
  • Proposer un site internet similaire à ceux qui fonctionnent pour d’autres artistes : WordPress , Shopify , etc.

En résumé, il est essentiel de ne pas innover. L’innovation passe par l’œuvre, pas par l’approche de la vente d’art en ligne. Il ne faut pas croire que le succès vient tout seul. Cela demande du travail mais surtout de rentrer dans le moule. Dans les points suivants, je vais vous expliquer les bases.

2 – La présence en ligne

Original Artwork by 0xec6d0 "Le déclin de l'Homme"

Œuvre d’art originale de 0xec6d0 « Le déclin de l’Homme »

Il est essentiel pour un artiste d’avoir une présence en ligne. Dans mon cas précis, je n’ai que quelques followers, et pourtant je vends très (TRÈS) bien. La raison ? Ce n’est pas le nombre de followers qui déterminera vos ventes, mais votre façon d’être présent en ligne. Pour cela, de nombreux sites permettent à l’artiste d’être présent en ligne :

  • Artmajeur
  • Artpal
  • Artsper
  • Saatchi Art
  • Gallea
  • Artalistic
  • Artactive
  • Ebay
  • Etsy
  • Opensea
  • Rarible
  • Looksrare
  • Behance

La plupart d’entre eux sont gratuits. Ils permettent à l’artiste de mettre en ligne ses œuvres et de créer son portfolio. L’enjeu est ici crucial : chaque site permettra à l’artiste d’apparaître dans les résultats de recherche de Google ( !!!!) chaque fois qu’une personne recherchera l’artiste en question. Cet aspect est fondamental et constitue la première base pour établir une présence en ligne minimale. Viennent ensuite les réseaux sociaux :

  • Twitter
  • Facebook
  • Instagram
  • Pinterest
  • Youtube

Ces réseaux sociaux sont incontournables. Il en existe bien sûr d’autres mais ceux-ci permettent à l’artiste de publier différents contenus et surtout d’avoir une présence en ligne de plus en plus importante. Bien sûr, cela prend du temps de créer autant de profils, mais cela en vaut la peine. Facebook permet de partager son art en groupe, Twitter permet d’être connecté à une communauté, Pinterest permet de générer beaucoup de trafic, et Youtube permet tous ces points à la fois. Enfin, Instagram permet un partage important de contenu visuel adapté à la profession de l’artiste. Le choix de ne pas apparaître sur ces sites est normal. Je n’en suis pas friand moi-même, ces sites sont chronophages, addictifs et sont autant d’intrusions dans la vie privée que beaucoup ne souhaitent pas. Cependant, et c’est un autre point fondamental : sans les réseaux sociaux, l’artiste ne peut compter que sur son réseau ou sa capacité à générer de l’argent via d’autres méthodes que je vais détailler.Beeple, l’un des artistes contemporains les plus chers qui a vendu un NFT pour plusieurs dizaines de millions d’euros, a une présence importante sur Instagram et Twitter. Sans ces médias, l’artiste ne serait pas l’un des contemporains les plus chers : l’art doit être partagé, et il est essentiel pour l’artiste de le comprendre. Rester dans un réseau ou un cercle d’amateurs produira trop de tensions et d’incertitudes pour être viable. En bref, il est essentiel pour l’artiste de commencer, après avoir décidé de vivre de son art, à créer une présence en ligne rationnelle et professionnelle. 3 points à respecter:

  • Une photo de profil similaire sur tous les sites et réseaux sociaux pour être vraiment reconnu par tous et établir la force du profil.
  • Unebio/phrase d’accroche similaire qui décrit clairement qui est l’artiste. Qui êtes-vous ? Le nouveau Basquiat ? Un homme de gauche progressiste ? Une femme de droite, PDG de trois entreprises ?
  • Une identité visuelle harmonieuse: les publications et les visuels doivent être organisés. Il y a trop de chaos dans les profils artistiques, les visiteurs et les clients potentiels doivent savoir en un coup d’œil qui vous êtes, ce que vous faites, quel est votre style.

3 – Avoir une proposition

Original Artwork by 0xec6d0 « Selfie »

Trop d’artistes se prennent pour des artistes. Le principal problème est qu’ils ne le sont pas. La différence fondamentale entre un artiste et un artisan réside dans l’indexation ou non du mode de rémunération sur le taux horaire – du moins après le 19e siècle et la photographie. Je m’explique.L’artisan produit un objet en 10 heures de travail, ces 10 heures constituant la rémunération. Il travaille 10 heures à 15 euros de l’heure, le prix de l’objet est de 150 euros + les frais éventuels. Plus il travaille sur l’objet, plus, techniquement, son objet vaudra, car le temps fourni constitue avant tout une force de travail à rémunérer en conséquence. L’artiste est différent, le temps de travail fourni n’influencera pas la rémunération ou la vente de l’œuvre de ce dernier. Un artiste peut travailler 100 heures ou 10 minutes sur une œuvre d’art, le prix final sera équivalent pour le travail qui a nécessité 100 heures ou 10 minutes. Son salaire, sa rémunération n’est donc pas basée sur sa force de travail, mais sur un aspect irrationnel qui est avant tout une proposition unique ou rare et qui apparaît comme non-conformiste, en même temps qu’elle séduit les individus par les moyens d’acheter cette proposition. En effet, un artiste doit avoir une vision conceptuelle de son travail. Il doit être capable de comprendre ce qu’est l’art et de proposer plutôt que de répondre à une demande. Trop de gens se considèrent comme des artistes parce qu’ils dessinent, peignent, sculptent ou créent. Mais peu le sont : ils reproduisent des artistes morts, délivrent des messages consensuels capables de répondre à la demande, proposent des visions actuelles des choses : écologies, progressisme, liberté, paix, etc. Ici, ils sont plutôt des artisans : capables de se conformer à ce que la société désire, de répondre à une demande idéaliste, une demande de bien-être, une demande consensuelle qui va ravir tout le monde. C’est pourquoi on voit des générations de peintres créer des personnages Disney ou Pokémon, des générations de peintres imiter Basquiat ou Picasso, des générations d’activistes en herbe prôner l’écologie et la paix dans le monde. L’artiste ne doit pas tomber dans ce type de proposition, à moins que l’écologie, la paix, le progressisme ne lui soient imposés non pas comme une doctrine mais comme un idéal. Comme une aspiration. Cependant, beaucoup de gens produisent de l’art pour éviter la controverse, gagner un peu d’argent, se faire un réseau ou être célèbre. Qu’il soit conservateur ou progressiste, l’artiste ne doit rien créer pour ces raisons, sinon il tombe dans l’artisanat et, en tant que tel, n’a aucune chance de durer. La proposition artistique doit donc être unique, personnelle et représenter l’essence de l’artiste. Basquiat, Picasso, Haring, Dali, Marcel Duchamp, Manzoni, etc. sont aujourd’hui connus pour cette raison – qui n’est pas la seule – ils avaient une vision. Une proposition. Leur art n’est pas consensuel, il est controversé, mais il les rassemble dans leur totalité. L’artiste doit s’imprimer, se tuer sur la toile. Y laisser ses démons, ses peines, ses victoires, ses passions, bref : il doit s’offrir à travers son œuvre. Plus simplement : il doit trouver un style, une signature, quelque chose qui l’impose comme seul dans son royaume. Quelque chose qui le rende reconnaissable parmi 1000.

4 – Faire des choses qui ont un sens

Je vois trop d’artistes peindre. Je vois trop d’artistes qui sculptent. Je vois trop d’artistes faire des graffitis. Sans aucun sens. L’art après la photographie a considérablement muté. Nous ne sommes plus des artistes visant à reproduire le plus possible la réalité, mais des artistes visant à mettre de l’ordre dans le chaos. Trop d’artistes créent des œuvres sans véritable sens. Consensuelles. Sans réelle substance. Sans véritable sens. Il est essentiel ici, que l’on soit progressiste, conservateur, dépolitisé, déconnecté de la réalité, issu d’une minorité, d’une majorité, d’apporter une part de soi dans son art. Un cri. Une direction. Une vision personnelle qui a du sens. C’est une extension de votre proposition. Par exemple, sculpter de la résine à 2 m de hauteur est une proposition. Lui donner un sens serait lui conférer une puissante dimension écologique, politique et économique. Malheureusement très peu d’artistes font cela, ou le fond, mais systématiquement de la même manière : ils parlent de paix, ils parlent d’écologie, alors qu’ils utilisent eux-mêmes des peintures, des solvants, des toiles ultra-polluantes. Ils défendent les minorités, alors qu’ils vivent dans l’opulence. B$nksy est un exemple fondamental : si son art a marqué l’époque, il ne faut pas oublier que ses messages sont consensuels, simplistes, et presque naïfs, surtout aujourd’hui. D’autant plus que son art est directement issu d’un graffeur français ultra célèbre, Blek le Rat, qui fut un véritable révolutionnaire et pionnier. Mais comme toujours : l’inspiré est plus connu que l’inspirateur. Être pionnier dans les messages, ce n’est pas facile. C’est dénoncer avant tout le monde. Affirmer avant tout le monde. Se lever avant les autres. Et se fondre à nouveau dans la foule, presque anonyme, une fois que tout le monde s’est levé. Mais si l’on réussit, si l’on parvient à combiner une proposition avec une œuvre qui a du sens. Une œuvre qui peut être lue, une œuvre qui peut être comprise, une œuvre qui suscite le débat. Une œuvre qui conduit à une réflexion sociétale. Une œuvre qui pousse à la politique, à la guerre des idées plus qu’à une paix hypocrite, alors vous serez tôt ou tard considéré à juste titre : comme un artiste à part.